Quand la chenille devient papillon
Me voici petite, encore et toujours le nez dans les marguerites.
A compter les pétales me direz-vous? Je t'aime, un peu, beaucoup...
Pas du tout! Je les débarrassais méticuleusement des pucerons parasites!
Rien ne devait entacher la beauté de ces fleurs, déjà le souci du détail voyez-vous?
Ces premières années de mon enfance m'ont probablement forgées à jamais. Côtoyant la nature, j'ai appris à l'observer, écouter le bruit du vent dans les arbres, patauger dans l'eau des ruisseaux, soigner les oiseaux, reconnaître leurs nids et leurs œufs.Quand je n'étais pas à la recherche de mue de serpent, à donner du grain aux poules ou toute autre activité ayant de près ou de loin, un rapport avec l’extérieur!
Telle la chenille ingénue, évoluant paisiblement patte après patte, de feuille en feuille, tout en dévorant la vie!
Puis, vint le temps de l'école. Cette harmonie paisible dans laquelle j'avais baigné, mêlée de contemplation et de légèreté était révolue. Je passais d'un monde sans mot à des hurlements d'enfants, du bercement du vent aux bousculades, de la délicatesse à la dureté.
Timide et réservée, j'ai alors commencé à tisser ma chrysalide, à l'écart des autres, un cocon rassurant dans lequel je pourrais exprimer mes émotions. Imprégnée par la beauté de la nature, j'ai développé un intérêt particulier pour l'art et la création en général. Mon instinct me poussa à dessiner, tout et tout le temps! J'ai suivi des cours aux beaux-arts de Nantes, mais petit à petit, je sentais qu'il me manquait quelque chose.
J'ai alors commencé à assembler, destructurer, fabriquer et refabriquer, sculpter avec tout ce qui se présentait à moi. La matière, voilà ce qu'il me manquait! S'en suivit naturellement un bac littéraire, spécialité arts plastiques, mon chemin vers les métiers d'art se dessinait peu à peu mais de la découverte des vitraux, en passant par la reliure, aucune émotion ne m'envahissait...
Jusqu'à passer le pas de la porte du lycée de bijouterie Nicolas Flamel de l'école Boulle à Paris. Je ressens encore, comme si c'était hier, cette atmosphère si particulière, ce sentiment inexplicable qui s'est emparé de moi en voyant ce robuste métal se laisser dompter en un joyau délicat. Le choix n'était plus à faire,
il venait de s' imposer à moi. Là, venait de naître une passion dont je ferai ma profession. J'ai donc passé uniquement ce concours et l'ai décroché! Inconscience? Peut être, mais pour moi c'était surtout une évidence, le râter ne
m'a même pas effleuré l'esprit! J'ai ainsi pu apprendre les bases du métier avec l'obtention d'un CAP et d'un BMA « art du bijou et du joyau ».
J'ai alors rejoint la ville rose, Toulouse, travaillant pour un bijoutier designer et en parallèle pour Culture Perle à Caen, spécialisée dans la perle de culture. Sentant l'envie de déployer mes ailes vers d'autres horizons, je décide en 2010 de sortir de mon cocon, et crée mon entreprise pour laisser place au papillon, libre d'explorer ainsi de nouvelles techniques, matériaux et d'en comprendre leurs infinies possibilités à travers leurs extrêmes complexités.
Cette expérience est sans nul doute la plus enrichissante et formatrice de toutes.